Zéno Bianu
Poète, dramaturge, essayiste et traducteur, lauréat du Prix Ganzo 2017, Zéno Bianu est auteur de poèmes célèstes, éminemment musicaux, sublimateurs de language. Son œuvre multiforme et innovante fait de lui l’un des grands poètes contemporains d’expression française.
En trente ans d’écriture, Zeno Bianu s’est révélé un poète important avec une œuvre distillée, qui comprend les récents recueils de poèmes L’Atelier des mondes (Arfuyen), Le Ciel intérieur (Fata morgana) des essais, dont une approche très personnelle de Krishnamurti (Seuil), des traductions (El Dorado, poèmes et chants des indiens précolombiens, avec Luis Mizon), et un travail théâtral original : L’Idiot, dernière nuit (Actes sud papiers) qui met face à face Mychkine et de Rogojine, les deux personnages du roman de Dostoïevski, face à face et surtout à proximité du corps invisible de Nastassia, révélateur de leur espérance et de leurs blessures, corps tué par l’un d’eux et curieusement plus vivant que jamais.
Né à Paris en 1950 d’un père roumain réfugié politique et d’une mère française, Zéno Bianu s’engage très tôt dans des causes littéraires. En 1971, il est signataire du Manifeste électrique, qui revendique une poésie expérimentale et une écriture radicalisée héritée des surréalistes.
En 1973, il séjourne pour la première fois en Inde. L’Orient laissera une empreinte durable en lui, que l’on retrouve dans ses ouvrages, notamment Mantra (1984), La Danse de l’effacement (1990) et au Traité des possibles (1997). Après un voyage décisif au Tibet en 1986, il s’attache à restituer le chant des poétiques extra-européennes : poètes indiens contemporains dans La Parole et la Saveur (1986), poètes classiques chinois dans La Montagne vide (1987), poèmes d’amour du VIe dalaï-lama dans L’Abeille turquoise (1996), paroles des Indiens précolombiens dans El Dorado. En 1992, il fonde la revue Les Cahiers de Zanzibar, avec Alain Borer, Serge Sautreau et André Velter. La même année, il traduit, pour une mise en scène de Lluís Pasqual, Le Chevalier d’Olmedo de Lope de Vega, qui sera créé en Avignon. De cette collaboration naîtront également Le Livre de Spencer d’après Christopher Marlowe (1994) et Le Phénix de Marina Tsvétaiéva (1996). Passionné par le lien entre poésie et théâtre et les « écritures orales », il a participé à des mises en scène et même donné un « oratorio dansé » : La Chambre des vertiges. Par ailleurs, il dirige la collection « Poésie » aux éditions Jean-Michel Place.
Les poèmes recueillis dans Infiniment proche composent une sorte de mandala vivant. Lignes de vie, lignes de cœur, lignes de faille – ils transmettent un horizon. "Dans l’affection et le bruit neufs", définitivement. » écrit Zéno Bianu à la publication du recueil.
Dix ans plus tard, avec Le désespoir n’existe pas, toujours intensément en prise avec le balancier de la vie, il amplifie le pari farouche qui l’engage à transformer le pire en force d’ascension, à tenir parole sans cesser de reprendre souffle. Dans une époque vouée à la déréliction et à un renoncement hypnotique, la poésie de Zéno Bianu s’impose comme une ardente rupture, une submersion féérique. Les deux recueils sont joints dans un ouvrage sorti chez Gallimard en 2016.
D’un univers funambule (Gallimard, 2017) en marque la continuité : dans cette œuvre poétique polyphonique se mèlent harmonieusement l’héritage des poètes du « Grand Jeu » , et des thèmes chers au poète comme la musique et l’Orient.
Zéno Bianu est le seul qui ose donner à entendre un Credo où se conjuguent le jazz, la beat generation, le Grand Jeu et l’Orient. Le seul à explorer un espace aimanté par-delà le chaos des temps, puisqu’il est, selon Charles Dobzynski : « le saxophoniste couleur blues d’une poésie toujours ouverte sur le large ».
Poet, playwright, essayist and translator, winner of the 2017 Ganzo Prize, Zéno Bianu is the author of celebrated poems, eminently musical, sublimating language. His multifaceted and innovative work makes him one of the great contemporary poets of French expression.
In thirty years of writing, Zeno Bianu has revealed himself as an important poet with a distilled body of work that includes the recent collections of poems L'Atelier des mondes (Arfuyen), Le Ciel intérieur (Fata morgana), essays, including a very personal approach to Krishnamurti (Seuil), translations (El Dorado, poems and songs of the pre-Columbian Indians, with Luis Mizon), and an original theatrical work: L'Idiot, dernière nuit (Actes sud papiers) which puts face to face Myshkin and Rogozhin, the two characters of Dostoyevsky's novel, face to face and especially close to the invisible body of Nastassia, revealing their hope and their wounds, a body killed by one of them and curiously more alive than ever.
Born in Paris in 1950 to a Romanian father who was a political refugee and a French mother, Zéno Bianu became involved in literary causes at an early age. In 1971, he was a signatory of the Manifeste électrique, which claimed experimental poetry and a radicalized writing style inherited from the Surrealists.
In 1973, he visited India for the first time. The East will leave a lasting impression on him, which can be found in his works, including Mantra (1984), The Dance of Erasure (1990) and the Treaty of Possibilities (1997). After a decisive trip to Tibet in 1986, he set out to restore the song of extra-European poetics: contemporary Indian poets in La Parole et la Saveur (1986), classical Chinese poets in La Montagne vide (1987), love poems of the 6th Dalai Lama in L'Abeille turquoise (1996), and the words of pre-Columbian Indians in El Dorado. In 1992, he founded the review Les Cahiers de Zanzibar, with Alain Borer, Serge Sautreau and André Velter. That same year, he translated Lope de Vega's The Knight of Olmedo for a production by Lluís Pasqual, which was premiered in Avignon. From this collaboration also came The Book of Spencer by Christopher Marlowe (1994) and The Phoenix by Marina Tsvetaeva (1996). Passionate about the link between poetry and theater and "oral writings", he has participated in stagings and even given a "danced oratorio": La Chambre des vertiges. In addition, he directs the collection "Poetry" at Jean-Michel Place.
The poems collected in Infiniment proche compose a sort of living mandala. Lines of life, lines of heart, lines of fault - they transmit a horizon. "In the new affection and noise, definitely," wrote Zéno Bianu at the publication of the collection.
Ten years later, with Le désespoir n'existe pas, still intensely in touch with the pendulum of life, he amplifies the fierce bet that commits him to transform the worst into a force of ascent, to keep his word without ceasing to take breath. In an era dedicated to dereliction and hypnotic renunciation, the poetry of Zeno Bianu stands out as a fiery rupture, a fairy-like submersion. The two collections are joined in a book published by Gallimard in 2016.
D'un univers funambule (Gallimard, 2017) marks the continuity: in this polyphonic poetic work blend harmoniously the heritage of the poets of the "Grand Jeu", and themes dear to the poet as music and the East.
Zéno Bianu is the only one who dares to give voice to a Credo where jazz, the beat generation, the Great Game and the Orient are combined. The only one to explore a space magnetized beyond the chaos of time, since he is, according to Charles Dobzynski: "the saxophonist color blues of a poetry always open on the wide".